Les Civilisations africaines
ÉVOLUTION DU MONDE NOIR DE LA PROTOHISTOIRE À LA FIN DE L'ANTIQUITÉ.
MISRAIM était négro-africaine
L'Antiquité africaine par l'image - IFAN/NEA, Dakar, 1976
Cheikh Anta Diop
I. Introduction
Les travaux de Cheikh Anta DIOP, dès 1954 — il y a 51 ans — avec Nations nègres et Culture, puis avec L'unité culturelle de l'Afrique noire et L'Afrique noire pré-coloniale en 1959-1960, inaugurent une nouvelle approche de l'histoire de l'humanité. Il s'agit de rompre avec la vision ahistorique et ethnographique de l'Afrique qui repose, entre autres, sur des présupposés hégéliens [G. W. F. HEGEL, La Raison dans l'histoire - Introduction à la philosophie de l'histoire] et gobinistes [J. A. GOBINEAU, Comte de, Essai sur l'inégalité des races] hérités du XIXe siècle.
C'est une nouvelle "méthodologie en matière d'histoire africaine" que Cheik Anta DIOP préconise et met en œuvre dans ses propres travaux. Il lui consacre le chapitre X de son livre Antériorité des civilisations nègres – Mythe ou vérité historique ? paru en 1967 aux Éditions Présence Africaine. Parmi les axes de cette méthodologie on peut retenir :
- l'analyse des "phases d'évolution politico-sociales" des sociétés,
- "l'ethnonymie et la toponymie",
- l'analyse des "faits linguistiques",
- l'établissement "des corrélations entre des évènements intérieurs et extérieurs",
- les faits archéologiques : "Elle [l'archéologie] introduit la certitude brutale là où il n'y avait que doute, scepticisme ou supputation. Ses résultats ruinent chaque jour les dogmes fondés sur les notions peu scientifiques de vraisemblance historique…".
En outre, ce chapitre dresse un bref inventaire des méthodes des sciences exactes :
- datations,
- analyses chimiques,
- techniques de détection,
- photographie aérienne, etc.
qui peuvent être mises au service de l'histoire africaine, comme lui-même s'y employait dans le laboratoire de datation par le carbone 14 qu'il avait créé à Dakar.(Qui fût détruit deux semaines seulement après sa mort par des individus que les autorités Sénégalaises n’ont pu identifier.)
On peut donc affirmer que Cheikh Anta DIOP a "réinventé" l'histoire africaine? L'Histoire de l'humanité en lui donnant une assise temporelle, une perspective diachronique qui lui faisaient cruellement défaut. Ce faisant, il a mis en évidence la nécessité d'une réécriture de l'histoire de l'humanité.
On comprend dès lors que l'UNESCO l'ait sollicité, en 1970, à devenir membre du Comité scientifique international pour la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique.
II. L'Histoire générale de l'Afrique - Préalables méthodologiques
Son exigence d'objectivité le conduit à poser trois préalables à la rédaction des chapitres consacrés à l'histoire ancienne de l'Afrique [cf. L'Antiquité africaine par l'image, Dakar, IFAN-NEA, Notes africaines n° 145-146, p. 6]. Les deux premiers consistent en la tenue d'un colloque international, organisé par l'UNESCO, réunissant des chercheurs de réputation mondiale,
- pour d'une part, débattre de l'origine des anciens Égyptiens,
- et d'autre part faire le point sur le déchiffrement de l'écriture méroïtique.
Le projet envisagé par l'UNESCO rend primordial de traiter la question de savoir à quelle aire culturelle et à quel univers anthropologique appartient l'Égypte ancienne compte tenu de l'état des connaissances. Une confrontation des travaux de spécialistes du monde entier lui apparaît indispensable pour faire avancer la science historique.
- Le troisième préalable concerne la réalisation d'une couverture aérienne de l'Afrique.
C'est dans ce contexte, que se tient au Caire du 28 janvier au 3 février 1974, organisé par l'UNESCO dans le cadre de la Rédaction de l'Histoire générale de l'Afrique, le colloque scientifique intitulé :
"Le peuplement de l'Égypte ancienne et le déchiffrement de l'écriture méroïtique".
III. Les participants au colloque du Caire Vingt spécialistes, cinq observateurs et deux représentants de l'UNESCO appartenant à quatorze nations différentes
Spécialistes :
- A. M. ABDALLA, Department of History, University of Khartoum, Sudan
- A. Abu BAKR, Université du Caire, Égypte
- N. BLANC, École Pratique des Hautes Études, Paris, France
- F. DEBONO, expert UNESCO, Centre de documentation sur l'Égypte ancienne, Malte
- J. DEVISSE, Université Paris VIII, Paris
- C. A. DIOP, Université de Dakar, Sénégal
- G. GHALLAB, Institute of African Research and Studies, Université du Caire, Égypte
- L. HABACHI, Oriental Institute, University of Chicago, États-Unis
- R. HOLTOER, University of Helsinki, Finlande
- S. HUSAIN, Egyptian Organization of Antiquities, Le Caire, Égypte
- J. GORDON-JACQUET, c/o Institut français d'archéologie orientale du Caire, États-Unis
- W. KAISER, German Institute of Archaeology du Caire, République Fédérale d'Allemagne
- J. LECLANT, Université Paris-Sorbonne, Paris
- G. MOKHTAR, Direction du Service des Antiquités, Égypte
- R. EL NADURI, Faculty of Arts, Alexandria, Égypte,
- T. OBENGA, Professeur Université Mariem N'Gouabi, Brazzaville, Congo
- S. SAUNERON, Institut français d'archéologie orientale du Caire, France
- T. SÄVE-SÖDERBERG, Université d'Uppsala, Suède
- P. L. SHINNIE, Department of Archaeology, University of Calgary, Canada
- J. VERCOUTTER, Institut de papyrologie et d'égyptologie de l'Université de Lille
Observateurs :
- V. L. GROTTANELLI, Institut d'ethnologie, Université de Rome, Italie
- S. HABLE SELASSIE, Department of History, Haile Selassie I University, Éthiopie
- F. H. HUSSEIN, Department of Physical Anthropology, National Research Center, Le Caire, Égypte
- L. KAKOSY, Department of Ancient Oriental History, Université de Budapest V, Hongrie
- P. A. DIOP, journaliste du quotidien sénégalais Le Soleil, Dakar, Sénégal
Représentants de l'UNESCO :
- M. GLÉLÉ, Division des études des cultures
- Mme MELCER, Division des études des cultures
Les Actes de ce colloque, dont le professeur Jean DEVISSE est le rapporteur, sont publiés par l'UNESCO dans Le peuplement de l'Égypte ancienne et le déchiffrement de l'écriture méroïtique, Histoire générale de l'Afrique, Études et documents 1, Paris, UNESCO, 1978. Le lecteur trouvera également un rapport de synthèse en annexe du Volume II de l'Histoire générale de l'Afrique, Paris, Jeune Afrique/Stock/UNESCO, 1980, pp. 795-823.
Le journaliste Papa Amet DIOP couvre, pour le quotidien sénégalais Le Soleil, l'ensemble du colloque (grand reportage en six parties dans les numéros 1128, 1145, 1146, 1148, 1149, 1151 du Soleil des mois de janvier et février 1974).
On ne fera, ici, que rappeler très brièvement les principaux thèmes de discussions, les points durs ainsi que les avancées apparus au fil des divers exposés et discussions, tout en conviant vivement le lecteur à se reporter aux comptes rendus sus-mentionnés.
IV. Le Peuplement de l'Égypte ancienne
(1ère partie du colloque du 28 au 31 janvier 1974)
Les communications
Les discussions se sont articulées autour de thèmes développés dans les trois communications écrites.
- Le peuplement de l'Égypte ancienne, par Jean VERCOUTTER (cf. Le peuplement de l'Égypte ancienne et le déchiffrement de l'écriture méroïtique, Histoire générale de l'Afrique, Études et documents 1, Paris, UNESCO, 1978, pp. 15-36).
Le professeur J. VERCOUTTER recense quatre types de sources disponibles pour l'étude du peuplement de l'Égypte ancienne :
. anthropologiques (étude anthropologique physique des restes humains)
. iconographiques (desseins, peintures, bas-reliefs, statues)
. linguistiques : "le langage et l'écriture d'un groupe humain pouvant fournir des renseignements sur l'origine et la nature ethnique de ce groupe"
. ethnologiques : "grâce à la comparaison des sources précédentes avec les caractéristiques des groupes ethniques ou culturels de l'Antiquité".
Il fait un état du matériel anthropologique mis au jour par les fouilles menées dans la vallée du Nil tout en mentionnant les lacunes existantes dans le temps et l'espace.
Il s'attache ensuite à présenter les différentes thèses sur l'origine ethnique des anciens Égyptiens. Deux thèses s'opposent, considérées comme absolues par l'auteur :
. "… la majorité des égyptologues (VANDIER, 1952, p. 22) estime que la population primitive qui occupe la vallée du Nil égyptienne et nubienne, dès le Prédynastique (Badarien et Amratien ou Nagada I) et jusqu'à la première dynastie, appartient à une race brune, "méditerranéenne" ou encore "euro-africaine", souvent improprement appelée "hamite", ou encore "khamite". Cette population serait leucoderme, donc blanche, même si sa pigmentation est foncée pouvant aller jusqu'au noir ; […] Ce type [humain] serait donc d'origine africaine, sans être "nègre" au sens où on l'entend habituellement. Au demeurant même les égyptologues convaincus du caractère africain essentiel de la civilisation égyptienne insistent sur le fait que la population qui a créé cette civilisation n'était pas "nègre" (NAVILLE, 1911, p. 199 ; BISSING, 1929 ; FRANKFORT, 1950]."
. "Sous l'impulsion du Cheikh Anta DIOP, à l'appartenance caucasoïde (l'expression est de CORNEVIN, 1963, p. 103-104 et 152) de la population de l'Égypte, généralement acceptée jusqu'en 1955, une appartenance "négroïde" de cette même population a été substituée (DIOP, 1955, p. 21-253 ; 1959, p. 54-58 ; 1960, p. 13-15 : 1962a, p. 449-541). On Quelques Rois Importants :
Kamosé
1558 - 1554
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Sommaire
▪ Sa titulature
▪ Son origine
▪ Sa durée de règne
▪ Son accession au trône
▪ Son histoire
▪ Sa sépulture
▪ Sa famille
▪ Bibliographie
DATES de RÈGNE
1553-1549
A.M.Dodson
1540-1534 D.Sitek
1571-1569 D.B.Redford
1545-1539 D.Franke, H.D.Schneider
1554-1549 K.S.B.Ryholt, W.J.Murnane
1545-1540 J.Kinnaer
Sa titulature
*
Hr xai-Hr-nst=f , hr nfr-XAb-tAwi , Hr sDfA(w)-tAwi
*
nbti wHm(w) mnw
*
bik nbw shrw-tAwi
*
wAD-xpr-ra
*
kA-msi(w)
*
Kamosé ou Kamosis ou Kamès (Manéthon)
Noms d'Horus
Horus Khaihernesetef
(Horus qui apparaît sur son trône)
Hr xaj-Hr-nst=f
Horus Néferkhabtaoui
(Horus, celui qui dompte les deux Terres
Hr nfr-XAb-tAwi
Horus Sedjefataoui
(Horus, celui qui nourrit les deux Terres
Hr sDfA(w)-tAwi
Nom de Nebty
Nebti Ouhemmenou
(Nebti celui qui renouvelle les fortifications)
WHm(w) mn.w
Nom d'Horus d'or
Bik Nebou Seheroutaoui
(Horus celui qui satisfait les deux Terres)
bik nbw shrw-tAwi
Nom de Roi
Ouadjkhéperrê
(Rê est florissant d'apparitions)
wAD-xpr-ra
Nom de naissance
Kamosé
(Ka est né)
kA-msi(w)
Son origine
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Sarcophage de Iâh-Hotep I
Musée du Louvre
Kamosé est un Roi de la XVIIe Kamosé dynastie. Il est appelé par Manéthon, Kamosé ou Kamès ou Kamosis. Il est "Roi" de Thèbes. Sa filiation exacte est encore aujourd'hui sujette à débat, bien que son appartenance à la famille royale Thébaine soit indiscutable. Pour beaucoup de spécialistes il est le fils de Séqénenrê (ou Taâ II) et de la Reine Iâh-Hotep I (ou AhhotepI). Cependant d'autres égyptologues, dont Aidan Marc Dodson, avancent le fait que Kamosé serait plus probablement le frère de Séqénenrê, fils de Sénakhtenrê (ou Taâ I) et de la Reine Tétishery (ou Tetisheri) ?. Dodson (entre autres) appuie cette théorie sur le fait que Kamosé était en âge de mener des campagnes militaires, déjà semble t-il avant d'arriver au pouvoir. Alors que selon la momie de Séqénenrê, son père supposé, celui-ci serait mort à l'âge d'environ 35/40 ans.
On sait que Séqénenrê avait un fils aîné, du nom d'Ahmès-Sipair (ou Ahmosé-Sipair ou Ahmosé Sapaïr), mort avant lui et qu'à sa mort son autre fils Ahmès, futur Ahmès I (ou Ahmôsis, 1549-1525/24) était en très bas âge. Aidan Marc Dodson en conclut que Kamosé était le frère de Séqénenrê et qu'il aurait pris le pouvoir à la place de son neveu enfant. D'après Hans Goedicke, l'interprétation spéculative de la stèle (jdE 49566) du Nomarque d'Edfou, Emhab, confirmerait cette filiation de Kamosé. Il faut aussi noter le fait que la plupart des enfants de Séqénenrê ont l'élément "Ahmès" dans leur nom, ce qui rend encore moins probable que Kamosé fut un de ses fils. Michel Gitton mentionne qu'il serait éventuellement issu d'une branche collatéral.
Sa durée de règne
Kamosé est généralement crédité d'un règne d'un peu plus de trois ans, car tous les documents en notre possession lui étant attribués indiquent la troisième année. Celle-ci demeure la plus haute date attestée de manière certaine. Certains chercheurs aujourd'hui, comme : Hans Diedrik Schneider, Kim Steven Bardrum Ryholt, William Joseph Murnane, Jacques Kinnaer, Detlef Franke et A.M.Dodson, (4 ans) privilégient de lui donner un règne de cinq ans environ, avec toutefois chacun des dates de règne différentes (voir ci-dessus).
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Cercueil de Kamosé -
Musée du Caire
Cette idée, largement reprise, s'appuie sur le fait que le Roi aurait lancé une deuxième campagne contre les Nubiens après ses victoires contre les Hyksôs dans le Nord (voir ci-dessous). Deux graffiti différents trouvés sur des roches à Armina et Toshka, au fond de la Nubie, donnent le nom de Roi (Nisout Bity) et de naissance (Sa Rê) de Kamosé et Ahmès I côte à côte et ont été inscrits à la même période, vraisemblablement par le même rapporteur, selon les données épigraphiques. Dans les deux inscriptions les noms d'Ahmès suivent directement en dessous ceux de Kamosé et chaque Roi est crédité d'une épithète qui est utilisée uniquement pour des Rois au pouvoir. Cela indiquerait que Kamosé et Ahmès étaient au pouvoir lors de l'inscription et que par conséquent, selon Kim Steven Bardrum Ryholt, ils étaient co-Régent.
Toutefois, aucune mention ou référence à Ahmès I comme Roi apparaît dans la stèle de Karnak de l'an 3, qui enregistre la première campagne de Kamosé contre les Nubiens, ce qui, toujours selon Ryholt, peut seulement signifier que Kamosé a nommé Ahmès I, enfant, comme son corégent et peu de temps après sa troisième année, avant de lancer la seconde campagne militaire contre les Nubiens. En conséquence, la deuxième campagne de Nubie de Kamosé doit avoir eu lieu lors de l'an 4 ou 5. Selon Ryholt, l'objectif de cette seconde campagne de Nubie peut avoir été la forteresse de Bouhen que les Nubiens avaient reprise de force. Christophe Barbotin expose quant à lui la possibilité d'un règne de 11 ans ?, hypothèse qu'il étaye, par une interprétation différente du papyrus Rhind.
Son accession au trône
Une autre question est soulevée par les chercheurs : Est-ce que Kamosé fut sacré Roi dès le décès de son prédécesseur ?, car plusieurs indices permettent d'en douter. Un des principaux est le fait que sur trois monuments ou objets Kamosé est présenté avec trois noms d'Horus différents. Le premier sur la stèle érigée sur l'ordre du Trésorier Néshi (ou Ousernecha), où le texte (Horus qui apparaît sur son trône) fut rectifié et gravé de nouveau daté de l'an 3. Ce qui fait dire à Hans Goedicke que Kamosé n'avait pas encore été couronné, suivant la tradition, lorsque la stèle fut gravée. Un deuxième nom d'Horus est utilisé sur un bloc trouvé à Karnak (Horus celui qui dompte les deux Terres).
Enfin, le troisième, (Horus celui qui nourrit les deux Terres), est utilisé sur son mobilier funéraire. Henri Gauthier et Raymond Weill on même avancé qu'il y avait eu trois Kamosé différents ?, idée qui est loin de faire l'unanimité. Claude Vandersleyen souligne lui que cette succession de différents noms est logique dans le sens où elle correspond à l'évolution du souverain, par contre l'an 3 est la seule date connue du règne. Pour compliquer il convient de signaler que le couvercle de son cercueil le représentait avec la barbe postiche, mais sans l'uræus et qu'il n'est pas cité dans les Tables de Karnak (Chambre des Ancêtres), toutefois il s'agit là peut-être d'une omission compte tenu de son règne très court. ¹
Son histoire
La mort de Séqénenrê, lors de la bataille laissait un trône vacant et un vide politique. Le vainqueur Apopi (1581-1541), en tant que suzerain se devait de nommer un successeur pour administrer la région, ce fut Kamosé. Le point de discorde entre Kamosé et le Roi Hyksôs va être le titre que ce dernier va lui donner : wr "Grand Noble" alors que Kamosé voulait : nsw "Roi", de plus il doit partager le pouvoir avec le Roi de Kouch et des Princes locaux le long du Nil. Toutefois, ces derniers lui laissaient un droit de passage et reconnaissaient sa souveraineté. Dès son arrivée au "pouvoir" Kamosé va donc reprend la lutte commencée par Séqénenrê. En Nubie, le Roi Kouch Nedjeh prend le pouvoir et installe sa capitale à Bouhen, il règne d'Éléphantine à la Deuxième Cataracte. Son alliance avec les Hyksôs, va durer jusqu'à ce que Kamosé s'empare (ou inquiète ?) la ville de Bouhen.
2e stèle, victoire contre Apopi
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Kamosé est un excellent guerrier et est très doué pour la stratégie militaire. L'histoire guerrière de ce Roi est connue grâce à deux stèles placées dans le temple de Karnak. La première, découverte en 1932, était semble t-il très grande, mais seule une partie du début nous est parvenue. La seconde, découverte en 1954, est plus petite, elle est complètement préservée, mais commence au milieu d'une phrase. Elle devait sûrement être la suite d'une autre stèle, de mêmes dimensions, dont le texte est reproduit sur la palette de scribe, dite "Carnarvon", découverte en 1908 à Dra Abou el-Naga. L'ensemble a tout de même donné aux chercheurs un texte largement exploitable.
En 2008, des archéologues, travaillant pour l'Université de Montpellier à Ermant, ont mis au jour dans le temple de Montou le fragment d'une nouvelle stèle de Kamosis, qui fait état de la consécration d’offrandes dans l’enceinte de Karnak ainsi que des cérémonies processionnelles d’Amon. Une phrase sur la seconde stèle nous apprend qu'avant l’an 3 de son règne, Kamosé part en campagne pour attaquer les Nubiens, profitant du changement de souverain dans ce pays avec la prise de pouvoir du Roi Nedjeh. La stèle du Nomarque d'Edfou, Emhab, précise une reconnaissance jusqu'à Miou, en aval de la 5e cataracte, dans le but sûrement d'attaquer Kerma par le Sud. Certains spécialistes pensent que le Roi fut aidé sur place par des descendants de colons Égyptiens installés là depuis la fin du Moyen Empire (2022-1650). Selon Claude Vandersleyen, Kamosé est le premier souverain Égyptien, depuis la fin de la XIIIe dynastie (v.1783-v.1625) à avoir laissé son nom en Nubie. Une stèle d'un commandant de Bouhen indique la présence Thébaine dans la région.
Ces batailles gagnées en Nubie, les premières grandes victoires depuis une éternité, vont dynamiser le sentiment nationaliste des Princes Thébains, qui vont alors assimiler la lutte contre les Hyksôs à une guerre de religion. Le Dieu Seth est le Dieu unique d'Avaris alors qu'Amon est celui de Thèbes. Ce monothéisme va renforcer le contentieux entre les deux dynasties. Kamosé décide alors d'affronter le royaume du Nord dont le Roi Apopi, âgé, craignant sans doute son ex vassal, va chercher la négociation afin d'éviter la guerre. Cependant Kamosé ne tient pas compte des demandes du Rois Hyksôs. Au contraire, elles le consolident dans sa sensation d'être à présent en position de force. La première attaque victorieuse du Thébain a lieu à Néfrousi (ou Néfrousy ou Néférousy), cité au Nord de Cusaé (près d'Assiout) à la hauteur de Béni Hassan (Son emplacement exact reste encore à trouver).
Kamosé avait d'abords envoyé en reconnaissance des archers mercenaires Medjaÿ (ou Medjai ou Mazoi ou Medjaiou, habitants de Medja une région du Nord du Soudan) en reconnaissance, afin de prendre ce bastion Hyksôs. Dans la ville gouvernait Téti, fils de Pépi, un Prince local opposé à Thèbes depuis longtemps et soumis au Roi d'Avaris. Ce Prince, qui employait des mercenaires asiatiques, était assez puissant pour exiger une taxe pour le passage aux navires Thébains, mais il ne le sera pas suffisamment pour tenir tête à l'armée de Kamosé qui selon Hans Goedicke était largement en surnombre. Une fois la ville tombée, l'armée Égyptienne pillent la région. Puis selon Claude Vandersleyen, Kamosé prend Hardaï, une cité à environ 40 km plus au Nord, puis Pershak (ou Penchak, elle aussi son emplacement exact reste encore à trouver).
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Poignard avec le nom de Roi d'Apopi, Nebkhepeshrê -
Musée Égyptien du Caire
Après ce succès, sans attendre, Kamosé fait route vers le Nord. Cette épopée est racontée dès le début de sa seconde stèle. Le Roi remonte le Nil en bateaux, accostant dans des lieux décrits par la stèle dont la localisation reste inconnue : Per-Djed-Ken et Inyt-Net-Khent, ce qui selon Claire Lalouette pousse l'armée Hyksôs à se replier. Kamosé prend ainsi le contrôle du fleuve et des marchandises qui y transitent. Il mène son armée jusqu‘aux environs d'Avaris, mais sans prendre la ville qui est sauvée grâce à des mercenaires Nubiens. Les troupes Égyptiennes ravagèrent alors la région, les champs, les cultures et les villages alentour. Ce passage de son histoire fait aujourd'hui débat ainsi que la localisation exacte jusqu'où le Roi mena réellement ses troupes. Ce déroulement des faits est une des interprétations des stèles du Roi. La difficulté de l'authentifier provient des lacunes et du texte par lui même, qui comme le précise Claude Vandersleyen, mélange les faits réels et les souhaits ou menaces de Kamosé.
De plus, sur les stèles du Roi il n'est jamais fait mention de Memphis ou d'autres grandes villes du Nord, que le Thébain aurait normalement du prendre avant d'arriver à Avaris. Kim Steven Bardrum Ryholt a récemment affirmé que Kamosé n'avait probablement jamais avancé plus loin que Hardai (ou Cynopolis) ou Saka (el-Qeis) dans le 17e Nome en Moyenne-Égypte (Autour du Fayoum) et ne serait jamais entré dans le Delta du Nil, ni en Basse-Égypte. Ce serait donc là, la région la plus septentrionale reprise par Kamosé. La plupart des égyptologues situent aussi à ce moment le passage ou des soldats Thébains interceptent un messager venant d'Avaris, porteur d'une missive destinée au Roi de Kouch. Le message, est reproduit sur la stèle et donne de précieux détails sur les relations entre les deux belligérants. Apopi proposait à son allié que leurs deux armées devaient attaquer simultanément les Thébains sur deux fronts pour ensuite, après la victoire, se partager les villes et le butin. Kamosé conscient maintenant qu'il peut être attaqué sur ces arrières abandonne l'idée de tenir un siège de la capitale Hyksôs, ce qui stoppe sa progression.
Kamosé, afin de rompre toutes futures communications entre Apopi et les Nubiens, envoie une expédition dévaster l'oasis de Bahariya dans le désert occidental, qui contrôlait la route Nord-sud du désert. Frédéric Colin nous précise que les habitants de Bahariya étaient considérés, au même titre que les autres Égyptiens coopérant avec les Hyksôs, comme des traitres et qu'ils entretenaient des relations commerciales avec Avaris. Kamosé reprend quand même aux Hyksôs toute la Moyenne-Égypte jusqu'au Fayoum. Puis il fait déposer le messager capturé d'Apopi à Atfieh (ou Atfih), une ville à la hauteur du Fayoum, au Sud de Memphis, pour qu'il raconte à son Roi les prises des Thébains et les ravages qu'ils ont commis sur la région. ¹
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Ahmès I avec la couronne
blanche - Metropolitan Muséum
Puis, sans que l'on en connaisse la raison, Kamosé stoppe son armée et se retire à Thèbes. Peut-être que ce repli est du à sa santé, car la majorité des spécialistes pensent que Kamosé décéda peu après, soudainement et assez jeune. ¹ Il fait une entrée triomphale dans la cité pendant qu'au même moment se produit une inondation. Selon Christophe Barbotin, c'est à cette époque que Kamosé ordonne à Néshi (ou Ousernecha), un haut dignitaire Trésorier, de réaliser les deux stèles commémorant les victoires du Roi et de les placer dans le temple d'Amon de Karnak. Les égyptologues s'interrogent de savoir à qui s'adressaient ces stèles ?. Hans Goedicke propose que le destinataire en soit la déité elle-même ?. Nous avons encore aujourd'hui des difficultés à interpréter la chronologie exacte des évènements qui y sont relatés. Claude Vandersleyen propose même qu'elles relatent deux campagnes différentes. Il situe la première dans le district de Néfrousy, vers l'an 1 et la deuxième, dans le 17e Nome et l'oasis de Bahariya au cours de l'an 3 (Date à laquelle l'ensemble des faits est gravé sur la stèle).
Quelle que soit la véritable histoire, nous n'avons pas d'informations sur la suite de son court règne. On a de plus malheureusement retrouvé peu de traces de constructions du Roi. Outre les stèles de Karnak et Ermant, il aurait fait édifier un bâtiment à Karnak, dont il ne reste que la base et quatre marches. Christophe Barbotin pense qu'il s'agit du support d'une barque sacrée et Nicolas Grimal penche pour un naos. Après la mort brutale du Roi son frère ou neveu ? Ahmès I, fils de Séqénenrê (ou Taâ II) et de Iâh-Hotep I (ou Ahhotep I), lui succède âgé d'environ 10 ans à son couronnement. La régence est alors confiée à sa grand-mère la Reine Tétishery (ou Tétishéri), puis à sa mère. Devenu adulte il continuera la lutte et s’emparera d'Avaris, puis poursuivra l’ennemi jusqu’en en Palestine où il y assiègera la ville de Sharouhen, qu’il prendra au bout de trois ans. Après une guerre acharnée, les Hyksôs seront définitivement rejetés en dehors des frontières de l’Égypte.
Sa sépulture, sa momie
Représentation d'un char de guerre Hyksôs
Dessin source : La Balance des 2 Terres
Kamosé est enterré dans une tombe toute simple à Dra Abou el-Naga. Il est attesté sur divers objets qui y ont été trouvés comme sur une hache de cérémonie, des scarabées, des bijoux parmi d'autres choses. Donald Bruce Redford note que Kamosé "a été enterré très modestement, dans un cercueil qui n'avait pas même un l'uræus royal". Cela peut signifier que le Roi mourut avant d'avoir eu assez de temps pour compléter son matériel funéraire sans doute parce qu'il était engagé dans une guerre avec ses voisins et Kouchites et Hyksôs.
La momie de Kamosé est mentionnée dans le papyrus Abbott, qui enregistre une enquête sur les vols dans des tombes sous le règne de Ramsès IX (1126-1108), plus de 400 ans après le règne du Roi. Bien que sa tombe y soit mentionnée comme étant en bon état, il est clair que la momie fut déplacée là ou elle a été découverte en 1857, à Dra Abou el-Naga, apparemment délibérément cachée dans un tas de débris.
Son cercueil fut découvert par les égyptologues Auguste Edouard Mariette et Heinrich Karl Brugsch, qui notèrent que la momie était en très mauvais état. Avec elle, les égyptologues ont aussi mis au jour, une médaille d'or et d'argent, un poignard, des amulettes, un scarabée, un miroir de bronze et un pectoral sous la forme d'un cartouche portant le nom de son successeur Ahmès I. Le cercueil est aujourd'hui au Musée du Caire, le poignard à celui de Bruxelles et le pectoral et le miroir ont trouvé résidence au Louvre. Le nom du Roi inscrit sur le cercueil a été seulement reconnu et déchiffré cinquante ans après sa découverte initiale, date à laquelle la momie, qui avait été laissé avec le tas de débris sur lesquels elle avait été trouvée, à disparue.
Ses épouses et enfants
Généalogie des Dynasties XVII et XVIII
Là encore règnent beaucoup d'incertitudes. À ce jour aucune épouse n'est attestée avec certitude à Kamosé. En fonction des spécialistes deux noms reviennent.
• Iâh-Hotep II (ou Ahhotep II), selon Aidan Marc Dodson cette proposition est confirmée par un sarcophage pouvant en réalité appartenir à Iâh-Hotep I. Il convient toutefois de préciser qu'Ahhotep II est également donnée par une majorité de spécialistes comme l'épouse d'Amenhotep I ?.
• Méritamon, sources là aussi incertaines et très contestées.
On n'a guère plus de consensus avec ses enfants puisque seulement peut-être une fille, Ahmès-Sitkamosé (ou Sitkamose ou Ahmose-Sitkamosé), lui serait attestée. On a retrouvé sa momie dans la cachette de la tombe DB320 de Deir el-Bahari, découverte en 1881. Elle était dans le cercueil d'un homme du nom de Pédiamun qui a vécu au cours de la XXIe dynastie (1070/69-945). Comme le précise Michel Gitton, sur la base de ses titres, elle est susceptible d'avoir été une des épouses du Roi Ahmès I (ou Ahmosis, 1549-1525/24) qui était soit son oncle, soit cousin. Ceux-ci étaient : "Épouse du Roi", Fille du Roi" et "Sœur du Roi". Elle a aussi été "Épouse du Dieu" mais il est probable que celui-ci ne lui fut donné qu'a titre posthume. Ahmès-Sitkamosé avait environ trente ans lorsqu'elle est morte, Grafton Elliot Smith la décrit d'une corpulence solide, presque masculine.
Bibliographie
Pour d'autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
Christophe Barbotin :
- Âhmosis et le début de la XVIIIe dynastie, Pygmalion, Paris, 2008.
James Henry Breasted :
- Ancient records of Egypt : Historical documents from the earliest times to the Persian conquest, Vol.1, The first to the seventeenth dynasties, C. Scribner's Sons 1905 - The University of Chicago press, Chicago, 1906, 1907 et (posthume) 1962 - Simon Publications, Décembre 1937 - University of Illinois Press, Mai 2001.
Peter A. Clayton :
- Die Pharaonen, Weltbild Verlag, 1998.
Frédéric Colin :
- Kamose et les Hyksos dans l'oasis de Djesdjes, BIFAO 105, Le Caire, 2005.
Georges Daressy :
- Le cercueil du roi Kamosé, pp.61-63, ASAE 9, IFAO, Le Caire, 1908.
- La barque d'Or du roi Kamosé, pp.129-137, ASAE 21, IFAO, Le Caire, 1921.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
- The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et 15 Février 2010.
Alan Henderson Gardiner :
- The Defeat of thé Hyksos by Kamose, pp.95-110, The Carnavon Tablet, N° 1, Egypt Exploration Society, London, 1916.
Michel Gitton :
- Les divines épouses de la XVIIIe dynastie, n°61, Centre de recherches d'histoire ancienne, n°306, Annales littéraires de l'université de Besançon, Les Belles-Lettres, Paris, 1984 et 1989.
Hans Goedicke :
- Studies about Kamose and Ahmose, Halgo, Baltimore, 1995.
Labib Habachi :
- The second stela of Kamose and his struggle against the Hyksos ruler and his capital, Abhandlungen des Deutschen Archäologischen Instituts Kairo. Ägyptologische Reihe, Le Caire, 1972.
Pierre Lacau :
- Une stèle du roi "Kamosis", pp.245-271, ASAE 39, IFAO, Le Caire, 1939.
Claire Lalouette :
- Thèbes ou la naissance d'un Empire, Flammarion, Paris, 1995.
Kim Steven Bardrum Ryholt :
- The political situation in Egypt during the second intermediate period, Museum Tusculanum Press, Copenhagen, Février 1998.
Thomas Schneider :
- Lexikon der Pharaonen, Artemis & Winkler, München, 1997.
Ian Shaw :
- The Oxford history of ancient Egypt, Oxford University Press, Collection : Oxford Illustrated Histories, New York, Mars 2000, Mars 2002 et Octobre 2003.
Anthony John Spalinger :
- War in ancient Egypt, Collection : Ancient World at War, Blackwell Publishing Ltd, Décembre 2004 et 2007.
Georg Steindorff et Keith Cedric Seele :
- When Egypt ruled the east, Éditeur inconnu, 1942, 1945 et (posthume) 1957 - Univ of Chicago Press, 1963, 1965 et Janvier 1968.
Claude Vandersleyen :
- L'Égypte et la vallée du Nil, tome II, de la fin de l'Ancien Empire à la fin du Nouvel Empire, Nouvelle Clio, PUF, Paris, Novembre 1995 et Novembre 1998.
- Iahmès Sapaïr fils de Séqénenré ... (17e dynastie), Collection : Connaissance de l'Égypte Ancienne, Éditions Safran, Bruxelles, 2005.
Christiane Ziegler, Hartwig Altenmüller et Marine Yoyotte :
- Reines d'Egypte : D'Hétephérès à Cléopâtre, et en Anglais, Queens of Egypt : From Hetepheres to Cleopatra, Somogy, Paris, Juillet 2008 et Grimaldi forum, Monaco, Octobre 2008.
¹- D'après l'article de Gérard G.Passera, pp.48-50, Toutânkhamon Magazine n°40, Août/Septembre 2008.
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trouvera dans un récent ouvrage un résumé fidèle et développé de la thèse de Cheikh Anta DIOP (OBENGA, 1973), qui est formulée avec vigueur : "en fait, les habitants néolithiques et prédynastiques de la vallée égyptienne et nubienne étaient des Nègres … Ce sont des Nègres qui ont bâti les civilisations égypto-nubiennes préhistoriques … et historiques (OBENGA, 1973, p. 102)."
Il dégage enfin, après avoir exprimé son propre point de vue sur la question, thèmes de discussion et axes de recherches portant sur :
. les contacts entre l'Égypte et le reste de l'Afrique (Libye, Sahara oriental et sud-oriental, Darfour, Soudan oriental et méridional, Éthiopie actuelle), une telle étude devant être précédée par des précisions terminologiques des termes "nègre" et "négroïde",
. la définition des Hamites,
. le réexamen de l'origine du néolithique égyptien, suscité par les résultats de travaux récents en Basse-Nubie, au Soudan et en Asie,
. en connexion avec le thème précédent, le "rôle du Croissant fertile africain dans le peuplement de l'Égypte",
. la région du delta du Nil : "la lacune la plus grave dans nos connaissances est celle qui concerne le delta égyptien. […] La recherche est d'autant plus importante dans ce domaine que l'on fait souvent du delta le foyer d'origine des populations ayant porté la civilisation à la Haute-Égypte",
. "la nature et la situation géographique des différentes ethnies africaines dans l'Antiquité […] … le problème des pygmées en Égypte qui est lié à celui des rapports ethniques de l'Égypte et de l'Afrique au sud du Sahara, mériterait d'être approfondi",
. les fouilles dans les régions périphériques de la vallée du Nil au sud de la seconde cataracte qui sont zones archéologiques "sous-explorées".
- Le peuplement de la vallée du Nil au sud du 23e parallèle, par Nicole BLANC (cf. Le peuplement de l'Égypte ancienne et le déchiffrement de l'écriture méroïtique, Histoire générale de l'Afrique, Études et documents 1, Paris, UNESCO, 1978, pp. 37-64).
Elle constate en premier lieu que :
"L'importance d'une histoire du peuplement de la vallée du Nil sur toute sa longueur, et non plus seulement dans sa partie égyptienne, n'a été reconnue que ces toutes dernières années. Il était généralement admis auparavant par la tradition historique classique que le passé des contrées riveraines du Nil s'était écrit à contre-courant du fleuve, que celui-ci avait joué le rôle d'une grande artère de communication, mais uniquement dans le sens inverse du cours naturel des eaux, conduisant peuples et cultures des rives civilisées de la Méditerranée aux obscures régions d'Afrique noire, à travers les zones arides de la Haute-Nubie et les marécages du cours méridional du Nil blanc."
L'auteur rappelle l'ensemble des travaux de fouilles effectuées au sud de la seconde cataracte, en particulier ceux de l'Américain G. A. REISNER , "l'un des fondateurs de l'archéologie du Soudan", F. GRIFFITH, le déchiffreur de l'écriture méroïtique, des directeurs successifs du Service des antiquités du Soudan : A. J. ARKELL, P. L. SHINNIE, J. VERCOUTTER, T. H. THABIT) et indique que "les résultats des fouilles amenèrent les chercheurs à s'interroger sur la part africaine dans les civilisations riveraines du Nil et à envisager, sur des bases scientifiques sérieuses, l'existence d'un contre-courant, de l'Afrique noire à la Méditerranée".
Au plan méthodologique, elle est amenée à insister sur le fait que les faibles chances de conservation de vestiges archéologiques en raison de la nature du sol et du climat et le caractère récent des sources écrites rendent nécessaire le recours à d'autres sources qu'il est possible d'exploiter dans une perspective historique : la tradition orale, la linguistique africaine, et enfin l'anthropologie, les données de l'une pouvant remédier, dans une approche synthétique, à l'insuffisance des données des autres.
Ces préliminaires d'ordre à la fois historique et méthodologique étant posés, N. BLANC propose une approche géographique du thème du colloque qui la conduit à esquisser "les principales caractéristiques géographiques et écologiques du bassin du Nil au sud du 23e parallèle jusqu'à la source du fleuve, en Ouganda".
L'une des conclusions qui se dégagent est que le Nil constitue l'une des plus anciennes voies navigables intérieures connues. "[…] Certes il n'est pas navigable sur toute la longueur de son cours, notamment dans sa partie soudanaise". Cependant "… le relief peu accusé dans l'ensemble du Nord Soudan n'a nulle part constitué un obstacle sérieux aux mouvements de population, à la diffusion culturelle, et au commerce …".
Un autre aspect qualifié de très important par l'auteur, est celui d'une "relative ouverture vers l'extérieur" de cette partie de la vallée du Nil située entre le 10e et le 23e parallèle : ouverture d'une part vers l'Afrique occidentale et subsaharienne et de l'autre vers l'Asie (Sinaï, mer Rouge, golfe d'Aden).
L'auteur est alors en mesure d'identifier les grands axes de communications ou "les grandes routes" dont le réseau s'est tissé au fil de l'histoire et sous la pression géographique reliant une région de la vallée du Nil à une autre ou bien connectant la vallée du Nil à des régions périphériques.
C'est dans cette même logique qu'elle aborde le peuplement de la vallée du Nil, mais en remontant le cours du temps : la pénétration arabe est d'abord décrite, suivie de l'exposé des différentes thèses relatives à l'origine des populations présentes au Nord Soudan avant l'arrivée des Arabes. Cet exposé fait ressortir, qu'à l'instar de l'Égypte ancienne, l'appartenance anthropologique des bâtisseurs des civilisations du Soudan fait aussi l'objet d'un débat entre spécialistes. L'auteur précise cependant que "De toute manière, et ceci paraît généralement admis aujourd'hui, il faut considérer très sérieusement l'hypothèse d'une importante contribution de cultures africaines antérieures à ces civilisations".
Enfin, une dernière section est consacrée au peuplement de la vallée du Nil au sud du 10e parallèle qui marque une brusque "rupture" naturelle à l'intérieur de l'actuel Soudan. Les conditions géoclimatiques apparaissent défavorables à l'existence de grandes voies de communication et aux activités sédentaires, un mode de vie pastoral nomade et semi-nomade en petits groupes s'y étant développé. Les fouilles archéologiques sont inexistantes. L'auteur rappelle toutefois qu'il existe des travaux de linguistes et d'anthropologues sur les différents groupes nilotes (Nuer, Dinka, Shilluk, Anuak, etc.) vivant dans cette région du sud Soudan. Des hypothèses diverses sont émises quant à leur origine et leurs déplacements.
Un nouveau changement, se traduisant par des conditions naturelles jugées comme positives, s'amorce lorsque l'on se déplace en direction du sud vers la région des Grands Lacs. Aucune réponse positive ne peut être apportée à la question de savoir s'il y a eu, par le Nil, des liens entre la région des Grands Lacs et l'Égypte ancienne. N. BLANC indique là encore que l'insuffisance de données archéologiques laisse sans réponse satisfaisante les questions relatives à l'histoire du peuplement dans cette région.
En conclusion, N. BLANC :
. réaffirme l'importance d'une approche géographique pour saisir l'histoire des peuples nilotiques. Elle fournit un élément d'explication au contraste offert entre par exemple l'Égypte et la région située entre le 23e parallèle et les Grands Lacs.
. suggère de multiplier les études régionales pluri-disciplinaires mais celles-ci devant se faire dans la perspective de l'ensemble de la vallée du Nil.
. met en garde le chercheur : "Il est dangereux de laisser peser sur la formulation d'hypothèses de travail le déséquilibre de l'historiographie classique ou les préjugés hérités du siècle dernier. La présence d'une rupture géographique et de peuplement au niveau du 10e parallèle a notamment véhiculé l'idée de l'existence de deux vallées du Nil, l'une blanche civilisée, l'autre noire primitive. Un tel stéréotype est particulièrement redoutable, car, fruit d'une péripétie historique relativement récente (migrations arabes nord-sud) dont l'origine est externe à la région, il tend à oblitérer la possibilité de migrations antérieures de populations africaines vers le nord."
- Parenté linguistique génétique entre l'égyptien (égyptien ancien et copte) et les langues négro-africaines modernes, par Théophile OBENGA. (cf. Le peuplement de l'Égypte ancienne et le déchiffrement de l'écriture méroïtique, Histoire générale de l'Afrique, Études et documents 1, Paris, UNESCO, 1978, pp. 65-71).
Avant d'aborder la démonstration de la parenté linguistique génétique entre l'égyptien ancien, le copte et les langues négro-africaines modernes, le professeur Théophile OBENGA pose trois préliminaires :
. Sa communication s'inscrit dans la troisième catégorie des sources inventoriées par le professeur Jean VERCOUTTER pour l'étude de l'origine culturelle des anciens Égyptiens.
Mettant en cause au plan scientifique les travaux du professeur GREENBERG qui a créé la famille linguistique afro-asiatique, tout en négligeant "une règle méthodologique capitale", celle qui veut que soient établies les correspondances phonétiques entre les langues d'une même famille, il est logiquement conduit à formuler les préliminaires méthodologiques qui suivent.
. Le but visé est de démontrer l'existence d'une parenté linguistique génétique entre l'égyptien ancien, le copte et les langues négro-africaines modernes : "Depuis Ferdinand de SAUSSURE, il est acquis que pour relier deux ou plusieurs peuples culturellement, les preuves linguistiques sont les plus évidentes, les plus pertinentes, les plus irrécusables".
Il convient toutefois de bien préciser la différence qui existe entre "une parenté linguistique typologique qui se fonde sur la concordance structurale des mots et des catégories grammaticales" sans pour autant renseigner sur l'existence "d'un ancêtre prédialectal commun" entre les langues comparées, et une parenté linguistique génétique qui restitue "les formes antérieures communes à partir de correspondances et de comparaisons morphologiques, lexicologiques et phonétiques".
. Le troisième préliminaire méthodologique est énoncé de la manière suivante :
"Est-on en droit de comparer l'égyptien ancien et les langues négro-africaines modernes ?
Il est parfaitement légitime de le faire, précisément pour démontrer l'identité d'origine des langues en question. Et ce, même si nous n'avons pas, sous les yeux, tous les états successifs des langues négro-africaines. La langue a une tradition orale indépendante de l'écriture. Le lituanien, connu par des documents écrits depuis seulement le XVIe siècle (1540), n'offre-t-il pas néanmoins, dans l'ensemble, une image aussi fidèle de l'indo-européen que le latin du IIIe siècle avant notre ère ?
Mais la comparaison doit reposer sur des critères sûrs.
Les concordances morphologiques, phonétiques et lexicologiques établies, selon la méthode comparative et inductive, entre l'égyptien (ancien égyptien et copte) et les langues négro-africaines modernes ne peuvent être fortuites, mais doivent renvoyer à une identité originelle commune, parce que :
a) les critères de la comparaison sont garantis par l'égyptien pharaonique qui est le plus ancien témoin des langues comparées ;
b) la discontinuité géographique milite en faveur de l'exclusion de l'emprunt dans ces temps anciens ;
c) la séparation très ancienne de la souche commune élimine également l'emprunt sur l'ensemble des faits morphologiques (grammaticaux), phonétiques et lexicologiques."
Théophile OBENGA établit ensuite les concordances morphologiques (grammaticales) existant entre l'égyptien (égyptien ancien et copte) et les langues négro-africaines modernes. Elles concernent les catégories de genre sexuel, la formation du pluriel, les formes complètes, les morphèmes négatifs, le futur emphatique et enfin les particules de liaison. Les langues africaines sollicitées sont le kanuri (Kanem Bornou), l'ewe (Togo, Ghana), le bambara (Mali), le dyula (dialecte mandé), l'azer (soninké médiéval), le dogon (Mali), les langues bantu (mbosi, kongo, teke, etc.), le valaf (Sénégal).
Les débats
(cf. Le peuplement de l'Égypte ancienne et le déchiffrement de l'écriture méroïtique, Histoire générale de l'Afrique, Études et documents 1, Paris, UNESCO, 1978, pp. 73-125).
En accord avec les thèmes et les axes de réflexion précédemment dégagés, le processus de peuplement de l'ancienne Égypte, le degré d'homogénéité ou d'hétérogénéité de sa population, l'appartenance anthropologique des anciens Égyptiens ont été abordés au travers d'exposés oraux et de discussions sous divers angles d'attaque : celui de l'archéologie, de la chronologie, des témoignages des Anciens, des migrations, de l'anthropologie physique, de l'iconographie.
Le professeur SÄVE-SÖDERBERG fait état des fouilles scandinaves au Soudan établissant les inter-relations entre la vallée du Nil et l'Afrique septentrionale et saharienne. Il récuse la possibilité "de fonder une étude du peuplement ancien de l'Égypte ou tout autre similaire sur des définitions raciales … Il indique sa préférence pour des études sur les relations des civilisations et des cultures".
Le professeur Cheikh Anta DIOP, rappelle d'abord que les découvertes du professeur LEAKEY conduisaient à admettre que l'humanité a pris naissance en Afrique, dans la zone des sources du Nil, impliquant un premier peuplement humain de la Terre ethniquement homogène et négroïde. Il inscrit le peuplement de la vallée du Nil dans un mouvement progressif allant du sud vers le nord et qui s'est échelonné du Paléolithique supérieur à la Protohistoire. Pour lui le fond de la population égyptienne prédynastique était nègre.
Il passe en revue l'ensemble des arguments étayant la thèse d'une origine nègre des anciens Égyptiens
- l'examen des peaux de momies : "Soucieux d'apporter des preuves positives, le professeur DIOP avait étudié un ensemble de préparations faites en laboratoire à Dakar. Il s'agissait d'échantillons de peau prélevés sur les momies provenant des fouilles de MARIETTE. Ils révélaient tous — et le professeur DIOP a soumis ces échantillons aux spécialistes participant au colloque — la présence d'un taux de mélanine considérable entre l'épiderme et le derme. Or la mélanine, absente des peaux des leucodermes, se conserve, contrairement à ce qui est souvent affirmé, des millions d'années, comme l'ont révélé les peaux des animaux fossiles. Le professeur DIOP a souhaité pouvoir effectuer le même type de recherche sur les peaux des pharaons dont les momies sont conservées au Caire."
- les données archéologiques de la protohistoire
- les mensurations ostéologiques et les groupes sanguins,
- l'iconographie,
- les témoignages des auteurs grecs et latins, ceux des voyageurs tels que le philosophe VOLNEY, ou encore celui constitué par le dessin du SPHINX exécuté par Vivant DENON lors de l'expédition d'Égypte dirigée par BONAPARTE, (voir reproduction à la fin du texte),
- les traditions biblique et coranique,
- la comparaison des faits linguistiques,
- les termes par lesquels les Égyptiens se sont eux-mêmes décrits dans leur langue
Le professeur DEBONO fait le point sur ses propres recherches archéologiques et anthropologiques : "Pour le paléolithique supérieur, ses travaux dans la montagne thébaine ont livré la preuve de l'existence de l'homme le plus primitif".
Il fournit des informations sur les découvertes de restes humains intéressant le paléolithique supérieur, l'épipaléolithique, le néolithique et le prédynastique.
Ses recherches dans la montagne thébaine ont permis de prouver l'existence de l'homme le plus primitif. Il rappelle qu'un fragment de calotte crânienne découvert en 1962 au Gebel Silsileh (nord de Kom-Ombo) datant probablement du paléolithique moyen "constituait la plus ancienne trace humaine découverte en Égypte."
Il précise que ce même site avait livré d'autres vestiges humains se rapportant respectivement au paléolithique supérieur et à l'épipaléolithique. Les restes humains relatifs à l'épipaléolithique attestent, selon le professeur AGUIRÉ qui les a étudiés, "la présence d'un cromagnoïde apparenté peut-être à la race de Mekta el Arbi en Afrique du Nord et Asselar."
S'agissant enfin du néolithique et du prédynastique, les fouilles menées à El Omari (dans le nord de l'Égypte), fournissent "de nombreux restes humains en bon état de conservation." Référence est faite à l'étude du professeur DERRY sur les différences raciales entre le nord et le sud aux époques concernées. "Contrairement à ceux du sud, les ossements d'El Omari s'apparentaient nettement à la prétendue race nouvelle des constructeurs de la pyramide. Elle montrait des affinités sans doute libyco-asiatiques. La civilisation méadienne, dont on a retrouvé les cimetières, l'un à Méadi et l'autre à Héliopolis, a prouvé, par les témoignages dégagés, l'existence d'une race assez semblable à celle d'El Omari."
Dans le domaine de l'iconographie, il pense qu'il doit être possible de tirer des informations sur les contacts et les déplacements entre peuples à partir de comparaisons faites avec :
. les représentations iconograhiques humaines (figurines ou dessins sur les vases) trouvées dans la région nord de l'Égypte (Fayoum, Mérimdé, El Omari), en Haute-Égypte et en Nubie.
. les nombreux dessins rupestres découverts en Haute-Égypte, en Nubie et dans d'autres régions de l'Afrique.
S'agissant de l'aspect linguistique, il affirme l'utilité d'une reconstitution du langage préhistorique égyptien.
Il aborde enfin la question du peuplement de la vallée du Nil par l'étude des industries lithiques : leurs caractéristiques typologiques, leur répartition géographique.
Le professeur LECLANT "a insisté sur le caractère africain de la civilisation égyptienne. Mais selon lui, il convenait de bien distinguer "race" et culture, comme l'avait fait le professeur VERCOUTTER".
Il considère que "l'anthropologie physique, en Égypte, n'en est qu'à ses débuts" et "que le problème du peuplement de l'Égypte ancienne était considérable et ne pouvait être résolu, pour le moment, par une approche synthétique encore très prématurée".
Pour le professeur GHALLAB, ce n'est qu'au "paléolithique tardif que la race noire s'est manifestée de l'Atlantique à la mer Rouge". "Une culture nègre n'est apparue vraiment qu'au néolithique".
Le professeur ABDALLA considère pour sa part qu'il est "peu important de savoir si les Égyptiens étaient des noirs ou négroïdes : le plus remarquable était le degré de civilisation auquel ils étaient parvenus. Il existait a-t-il dit des indices importants fournis par l'anthropologie physique concernant la présence de Noirs dans le peuplement ancien, mais il était abusif de généraliser et de dire que ce peuplement étaient entièrement noir ou négroïde".
Il aborde ensuite le volet linguistique en indiquant qu'il n'a pas été convaincu par les démonstrations effectuées par le professeur DIOP : "les similarités signalées étaient accidentelles […] Les preuves fournies de parenté plaideraient bien plus en faveur de la dispersion de l'égyptien ancien en Afrique que de sa parenté avec les langues africaines actuelles". Pour lui "la langue égyptienne n'est pas une langue africaine directe ; elle appartenait à un groupe proto-sémitique, et de nombreux exemples pouvaient être cités à l'appui de cette définition".
Le professeur SAUNERON intervient au cours d'un vif échange entre les professeurs ABDALLA et DIOP portant sur la traduction du terme égyptien km : il en confirme la signification, noir, récusée initialement par le professeur ABDALLA.
Le professeur OBENGA poursuit la démonstration linguistique commencée par le professeur DIOP et montre à partir de toute une série de démonstrations comment il serait possible dans le futur de "dégager un "négro-égyptien" comparable à l'"indo-européen"".
Mme GORDON-JAQUET souligne l'intérêt d'une approche toponymique pour "étayer l'assertion suivant laquelle il ne s'est produit en Égypte aucune immigration ou invasion massive de populations étrangères depuis l'époque néolithique au moins".
Le professeur Jean DEVISSE communique aux participants les résultats d'une enquête iconographique relative à trois manuscrits (nouvelles acquisitions de la Bibliothèque nationale française) témoignant de la représentation d'Égyptiens libres "sous les traits et la couleur de Noirs".
En résumé, les débats ont révélé la persistance de désaccords importants sur l'origine anthropologique des anciens Égyptiens :
"La conclusion des experts qui n'admettaient pas la théorie d'un peuplement uniforme de la vallée du Nil des origines jusqu'à l'invasion perse, énoncée par les professeurs Cheikh Anta DIOP et OBENGA, a été que le peuplement de base de l'Égypte s'était mis en place au Néolithique, en grande partie en provenance du Sahara et qu'il avait uni des hommes venus du nord et du sud du Sahara et différenciés par leur couleur. A cette théorie, les professeurs DIOP et OBENGA ont opposé la leur, qui soulignait l'unité du peuplement de la vallée par des Noirs et les progrès de ce peuplement du sud au nord."
Par contre dans le domaine linguistique, le rapporteur écrit qu'"un large accord s'est établi entre les participants". "Les éléments apportés par les professeurs DIOP et OBENGA ont été considérés comme très constructifs. (…) Plus largement, le professeur SAUNERON a souligné l'intérêt de la méthode proposée par le professeur OBENGA après le professeur DIOP. L'Égypte étant placée au point de convergence d'influences extérieures, il est normal que des emprunts aient été faits à des langues étrangères ; mais il s'agit de quelques centaines de racines sémitiques par rapport à plusieurs milliers de mots. L'égyptien ne peut être isolé de son contexte africain et le sémitique ne rend pas compte de sa naissance ; il est donc légitime de lui trouver des parents ou des cousins en Afrique."
S'agissant de la culture égyptienne : "Le professeur VERCOUTTER a déclaré que, pour lui, l'Égypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser. Le professeur LECLANT a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser des Égyptiens."
Le rapporteur, dans sa conclusion générale indique que "La très minutieuse préparation des communications des professeurs Cheikh Anta DIOP et OBENGA n'a pas eu, malgré les précisions contenues dans le document de travail préparatoire envoyé par l'UNESCO, une contrepartie toujours égale. Il s'en est suivi un véritable déséquilibre dans les discussions."
Il insiste enfin sur le bilan "incontestablement positif" du colloque.
Les recommandations
(cf. Le peuplement de l'Égypte ancienne et le déchiffrement de l'écriture méroïtique, Histoire générale de l'Afrique, Études et documents 1, Paris, UNESCO, 1978, pp. 101-103).
Les experts ont clos leurs travaux par une série de recommandations concernant quatre domaines dans lesquels les recherches devraient être prioritairement poursuivies :
- l'anthropologie physique : fixer des normes très précises et aussi rigoureuses que possible relativement à la définition de races et à l'identification raciale des squelettes exhumés, examen du matériel humain disponible dans le monde entier (études ostéologiques, études des peaux de momies), création d'un département spécialisé d'anthropologie physique en Égypte,
- les migrations des populations : série d'enquêtes archéologiques systématiques portant sur l'ancienneté de l'occupation humaine du delta, les gravures et peintures rupestres, les cultures matérielles anciennes, les sépultures non pharaoniques de l'ensemble de la vallée du Nil, les vestiges paléo-africains dans l'iconographie égyptienne et leur signification historique,
- la linguistique :"la coopération des spécialistes de linguistique comparée devrait être mise à contribution sur le plan international pour établir toutes les corrélations possibles entre les langues africaines et l'égyptien ancien",
- la méthodologie inter et pluridisciplinaire : études interdisciplinaires intéressant en particulier les régions périphériques à la vallée du Nil comme le Darfour, la région entre Nil et mer Rouge, la bordure orientale du Sahara, la région nilotique au sud du 10e parallèle, etc.
V. Le déchiffrement de l'écriture méroïtique
(Du 1er au 3 février 1974)
Ce thème est introduit par le professeur Jean LECLANT dans sa communication intitulée : "Le déchiffrement de l'écriture méroïtique : état actuel de la question". Il signale qu' "A la suite des recherches […] c'est un total de 900 textes environ dont le rassemblement et la publication sous la forme d'un répertoire d'épigraphie méroïtique (REM) est actuellement en cours au Groupe d'études méroïtiques (GEM) de Paris". (cf. Le peuplement de l'Égypte ancienne et le déchiffrement de l'écriture méroïtique, Histoire générale de l'Afrique, Études et documents 1, Paris, UNESCO, 1978, pp. 110-111).
Il souligne aussi l'intérêt présenté par l'utilisation de l'informatique tant du point de vue de l'enregistrement des textes que de celui de certaines analyses pouvant dès lors être rendues automatiques.
Le professeur SHINNIE rappelle les trois méthodes d'approche possibles : la découverte d'un texte bilingue, l'analyse interne de la structure de la langue, l'étude comparée avec d'autres langues africaines.
Le professeur LECLANT se rallie à la procédure proposée par le professeur DIOP et qui s'inspire de la méthode, recourant à l'ordinateur, mise en œuvre à Léningrad par le professeur KNOROSSOV pour le déchiffrement des hiéroglyphes maya : combiner le plurilinguisme à la puissance de l'ordinateur, en postulant une parenté du méroïtique avec les langues négro-africaines.
Le professeur SÄVE-SÖDERBERG insiste sur l'importance de l'étude des langues du Soudan.
Le professeur OBENGA propose que soient recensées les caractéristiques grammaticales du méroïtique actuellement connues.
Les participants expriment leur satisfaction pour les travaux réalisés par le Groupe d'études méroïtiques de Paris.
Des recommandations précises ont été faites pour poursuivre les travaux de recherches qui, s'ils ont permis de déchiffrer l'écriture méroïtique, n'ont pas encore permis de comprendre la langue méroïtique.
VI. Les acquis
Le colloque du Caire marque une étape capitale dans l'historiographie africaine. Pour la première fois des experts africains confrontent, dans le domaine de l'égyptologie, les résultats de leurs recherches avec ceux de leurs homologues des autres pays, sous l'égide de l'UNESCO.
La légitimité scientifique de rechercher systématiquement les liens, quels qu'ils soient, pouvant exister entre l'Égypte ancienne et le reste de l'Afrique noire a été reconnue au plan international.
Le fait que l'Égypte ancienne soit traitée dans le cadre de l'Histoire générale de l'Afrique, la rédaction par Cheikh Anta DIOP dans le Volume II du chapitre I intitulé "L'origine des anciens Égyptiens" (cf. l'Histoire générale de l'Afrique op. cit. pp. 39-72), constituent deux exemples des retombées directes du colloque du Caire.
Par ailleurs, dans l'éditorial inaugural de la revue Ankh (cf. n°1, février 1992, pp. 5-22) nous avions recensé tout un ensemble de travaux (d'archéologie, de linguistique, de philosophie, d'anthropologie physique, …) se rapportant à l'Égypte ancienne et à ses liens avec l'Afrique subsaharienne. En s'y reportant, le lecteur constatera que plusieurs des travaux cités répondent à l'une ou l'autre des recommandations faites au colloque du Caire et qu'ils apportent des éléments de réponse décisifs sur certaines questions, comme celle, par exemple, de l'antériorité de la Haute-Égypte sur le delta du Nil dans la genèse de la civilisation égyptienne ; signalons à ce sujet l'information donnée par le Bulletin d'Information Archéologique (BIA) dans son n° 5 couvrant la période janvier - juin 1992 :
" Abou Simbel — Une mission archéologique mixte égypto-américaine a mis au jour une ville archéologique préhistorique dans la région d'El-Nabta à l'ouest d'Abou Simbel. L'histoire de cette ville remonte à neuf mille ans et démontre que le désert occidental au Sud de l'Égypte fut le berceau de la civilisation égyptienne. Dirigée par le Dr. Fred WENDORF, professeur d'anthropologie à l'Université de Dallas, cette équipe scientifique poursuit ses travaux de fouilles depuis sept ans avec la collaboration de quelques archéologues et géologues. Le géologue égyptien, le Dr. Mohamed ELBAHY, a déclaré que les résultats enregistrés par la mission font probablement d'El-Nabta la plus vieille ville habitée par les anciens Égyptiens. Furent également découverts des bâtiments gigantesques en pierre qui seraient sans doute les restes d'un temple. [EL-SAYED EL-NAGGAR, "Découverte d'une ville antique remontant à neuf mille ans à Abou Simbel", Al-Akhbar du 20 avril 1992]."
Ce thème de recherche Égypte-Afrique noire se développe tout en faisant l'objet d'ouvrages scientifiques nouveaux, parmi lesquels on peut citer à titre simplement indicatif (d'autres références sont proposées au lecteur dans la section bibliographie de ce numéro) :
- Egypt and Africa, Nubia from Prehistory to Islam, Ouvrage collectif [Edited by W. V. DAVIES, British Museum Press in association with the Egypt Exploration Society, 1991, second impression 1993, London]. Dans cet ouvrage, très riche de résultats de recherches archéologiques, le professeur Jean VERCOUTTER est l'auteur d'un article intitulé "L'archéologie nubienne et soudanaise, Passé, Présent et Futur". Il y écrit :
"Les récents travaux au Ouadi Kubanieh et dans les "Playas" du désert occidental comme ceux entre Ve et VIe Cataractes : de Kadero, SaggaI, Kadada, el-Ghaba, devraient être étendus aux déserts ouest et est, si l'on veut discerner l'une des composantes essentielles de la civilisation pharaonique naissante, celle qui est venue du Sud" (op. cit., p. 4),
- De l'origine égyptienne des Peuls, de Aboubacry Moussa LAM [Paris, Khepera/Présence Africaine, 1993],
- L'or
LA FALSICATION CONTINUE
« BETO GYPITU TA TATUKA » disaient une grand-mère mukongo, de la tribu Kongo, Bantu, à Bacongo commune de Brazzaville à son petit fils. Ce royaume s’étendait de l’embouchure du CONGO, de l’actuel Angola, du Congo B/ville, jusqu’au nord du Congo Kinshasa en pays poipoi, mangbetu et vers l'actuel Bunia et la sortie du nil du Congo Kinsahasa…, de 300000 Km² a plus d’1 000 000 de Km² de superficie, avec les vassalités et les alliances.
L’Egypte antique est un pays négro-africain et cette civilisation est la plus grande, la plus longue, la plus performante, la plus permanente qu’ait créée l’être humain.
Paradoxalement, nous sommes le seul peuple au monde à qui le monde demande des explications sur l’appartenance d’une civilisation qui est la sienne, à sa terre, à sa terre d’origine, l’Afrique noire. En effet au mésolithique, au début du néolithique l’Afrique est occupé partout par des peuples noirs africains du sud au nord et d’est à l’ouest. Le plus souvent, les tribus africaines vivaient aux bords des rivières, en tous les cas pas très loin des points d’eau, lacs ou rivières ou encore marécages.
Au mésolithique l’accroissement de l’aridité, de ce que nous appelons aujourd’hui le « désert de Sahara », a poussé les peuples à se concentrer vraiment plus près de points d’eau. Cette aridité à poussé les noirs africains à aller vers l’est où la barrière naturelle humide vivable est le Nil, à l’Ouest,une autre forte concentration vers le la Région du lac Tchad, qui étaient 15 fois plus vaste que sa taille de 1970 soit environ 300 000 km², avec des rivières nourricières(quid de l'amazone??), et plus au nord sur le bord sud de la méditerranée et à l'est au bord de la mer rouge.
C’est ainsi que s'est développé, au néolithique, dans l’actuelle soudan la civilisation qui s’est installée entre l’embouchure du NIL, le plus long fleuve du monde, qui prends ses sources dans la zone équatoriale et au delà, au Congo, en uganda, principalement pour le Nil bleu, Nil Congo-uganda, et à l’est des montagnes du Kenya et de l’Ethiopie.
Ceci explique la phénoménale régularité de ce grand fleuve venu de l'équateur aux forêts pluviales et du Rwenzori dont les pyramides sont une identification forte, sans qui le Punt, le Koush, civilisation d’origine de Narmer(Meni, Mani), de ceux qui l'ont précédé et de ceux qui ont créé l’Egypte ancienne, KMT, n’aurait pu exister.
Ainsi du fait de cette énorme, puissante et rayonnante civilisation qui a attiré des étrangers avides d’éruditions, d’affaires et de profits de toutes sortes, les africains ont été en contact avec des asiatiques de ce que nous appelons le proche orient, le moyen orient, le monde perse, et indiens; avec les européens.
Tout ces peuples sont venus vivre, ont été occupés militairement et politiquement par nos ancêtres et ont appris les techniques développées, dès le 7è millénaire avant JC, par nos ancêtres KMT. Le contexte de cette civilisation est bien NEGROAFRICAIN comme l’a bien démontré Cheick Anta Diop en 1974 au Colloque du Caire. Pour donner un parallèle, c’est comme si nous disions que le contexte dans lequel nous vivons aujourd’hui en France est Blanc européen même si demain un noir ou un arabe devenait président, cela se serait réalisé dans ce contexte d'une France de civilisation européenne. En 2006 soit plus de 7200 ans après le début de la civilisation KMT de l’Egypte Ancienne, la falsification n'a pas été à même d'effacer les preuves de cette civilisation négroafricaine, ce n'est pas faute d'efforts et de moyens.
Comment comprendre que face à cette réalité qui est la nôtre, des savants occidentaux n’ayant plus de contradicteurs en face comme l’était en particulier Cheikh Anta DIOP(CAD), se remettent à falsifier l’histoire de KMT, notre Histoire. Ils font tout pour scinder l’Egypte de la Nubie, de Koush, de Kerma, de Punt bref de l'AFRIQUE, tout en désignant joyeusement, à dessein, ces empires "d’africains" pour dire noirs donc différent de l'Egypte KMT de leur voeux et entretenir la confusion actuelle qui leur sert de système de falsification. Reisner un archéologue raciste virulent, dit pour caractériser la Nubie je cite : "...D’un caractère AFRICAIN plus marqué encore que l’Egypte, la Nubie a connu, dès la haute préhistoire une développement en rapport avec les autres cultures périsahariennes..." Quel sens de la repartie, essayer de dire sans avoir froid au yeux qu'un africain est plus africain qu'un autre ne sue que de la tragique malhonnêteté intellectuelle. "
Ce que dit reisner dans sa chronologie et que nous corrigeons par la connaissance scientifique développée par CAD et ses suivants :
le paléolithique final et le néolithique, de - 12000 à - 4000 ( Ce que ne dit pas reisner est les Kamits avait déjà constitué un Etat complet vers -7000, la découverte de Sepedet en est un preuve irréfutable) La Nubie précède l'Egypte.
l’empire de Napata, de - 750 à - 540
l’empire de Méroé, de - 540 à 250 après J.C
les royaumes chrétiens de Nubie, de 300 à 640 après J.C.
les arabes n'ont envahi l'Afrique qu'à partir du 7è siècle avec l’Islam.
‘They are agree in a kind of « gentlemen agreement », to be together against us, against Africans, aigainst the real african history’, aigainst the thru human being history.
Il met en place une chronologie, voir ci-dessus, pour tenter de séparer ethniquement les Egyptiens anciens des Nubiens anciens, mais sa démonstration sur les groupe A,C et X, n’arrive pas à bien séparer nos ancêtres, car toutes ces démonstrations renvoient toujours à PUNT et KOUSH, il s'agit bien ici comme l'a bien démontré CAD de la Basse Nubie pour ne pas dire de la NUBIE qui est l’origine des anciens Egyptiens négro-africains, qui ont érigé la plus grande civilisation humaine de tout le temps, celle qui a été à la base de tout dans le monde et dont malheureuse l’Afrique noire ne bénéficie pas aujourd'hui. Cette civilisation de l'ancienne Egypte est belle et bien noire africaine, nous devons le revendiquer et nous en approprier. Les ethnies ne justifie rien, car dans un même pays, même entité on trouve jusqu'à nos jours différentes ethnies. Dans l'Egypte ancienne, dans Sumer, dans le monde indien c'était le cas, il y avait différentes tribus noires; et dans la Rome antique différentes tribus blanches, ou en Grèce, en Mésopotamie. Tenter d'utiliser la présence dans KMT des ethnies noires du sud(KOUSH, PUNT, KERMA ...) pour ne citer que celle là est d'une malhonnêteté intellectuelle indescriptible. Nous la combattrons toujours pour que vous ayez toujours la vérité.
Ces falsificateurs ont l’outrecuidance de nous demander de justifier de l‘appartenance de l’Egypte ancienne au monde Négro-africain.
Moi, je dis que ces gens ne nous auraient pas posé cette question s’ils étaient convaincus que KMT était blanche ou asiatique ou autre et que physiquement il ne se trouvait pas en Afrique. Ils ne s’acharneraient pas falsifier l’histoire en inventant de toute pièce le miracle grec, Cham...
Cheikh Anta Diop (CAD) a démontré scientifiquement que KMT, était bien négro-africaine et que le contexte ethnique de l’Egypte ancienne était bel et bien négro-africaine du début "...Aujourd'hui la recherche scientifique confirme la thèse de Cheikh Anta Diop à savoir qu'hormis quelques infiltrations, l'Egypte pharaonique appartient, en totalité, dès les balbutiements prédynastiques jusqu'à la fin des dynasties indigènes en 525 av. J.C, à l'ensemble de l'univers négro-africain. La Grèce n’a fait que copier.
Ainsi, nous voulons, par le travail que nous menons, donner l’information exacte au monde, aux africains. Les barrages d’Assouan ont inonder la Haute Nubie sur 500 km par en moyenne 30 km de large. Pourquoi ? N y avait-il pas d’autres solutions ?
Cheick Anta DIOP a mis 30 ans pour mettre en face de savants et autres anthropologues de tous les domaines concernant l’Egypte ancienne et la Nubie et Punt, des réponses scientifiques qui rétablissent la vérité sur KMT. Et il dit ceci : « "Partant de l'idée que l'Égypte ancienne fait partie de l'univers nègre, il fallait la vérifier dans tous les domaines possibles, racial ou anthropologique, linguistique, sociologique, philosophique, historique, etc. Si l'idée de départ est exacte, l'étude de chacun de ces différents domaines doit conduire à la sphère correspondante de l'univers nègre africain. L'ensemble de ces conclusions formera un faisceau de faits concordants qui éliminent le cas fortuit. C'est en cela que réside la preuve de notre hypothèse de départ. Une méthode différente n'aurait conduit qu'à une vérification partielle qui ne prouverait rien. Il fallait être exhaustif" (Cheikh Anta DIOP, Antériorité des civilisations nègres – mythe ou vérité historique ?, Paris, Présence Africaine, 1967, p. 275).
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Ainsi, lorsque Vercoutter dit que le mot KMT veut dire pays de la terre noire, oui, ce limon déposé par le Nil, par rapport à la terre rouge du désert. Mais CAD a démontrer et prouvé que les anciens Egpytien noir se désignaient eux même comme des KMT à la différence de ceux qui immigrait dans leur pays venant de contrés que nous appelons présentement l'asie et de la libye antique.
Les arguments d'ordre anthropologique présentés par Cheick Anta DIOP(CAD), relèvent aussi de domaines variés : l'étude des textes égyptiens hiéroglyphiques fournit les termes par lesquels les habitants de l'ancienne Egypte se désignaient eux-mêmes comme Nègres.
l'étude des textes des historiens et philosophes grecs et latins permet de rélever de nombreux témoignages sur le phénotype des anciens Egyptiens. Par exemple Hérodote (480 - 425 avant J.-C.), surnommé le "Père de l'Histoire", grand voyageur et témoin occulaire écrit :
"Manifestement, en effet, les Colchidiens sont de race égyptienne ; mais des Egyptiens me dirent qu'à leur avis les Colchidiens descendaient des soldats de Sésostris. Je l'avais conjecturé moi-même d'après deux indices : d'abord parce qu'ils ont la peau noire et les cheveux crépus (à vrai dire, cela ne prouve rien, car d'autres peuples encore sont dans ce cas), ensuite et avec plus d'autorité, pour la raison que, seuls parmi les hommes, les Colchidiens, les Egyptiens et les Ethiopiens pratiquent la circoncision depuis l'origine."
Le type physique nègre des anciens Egyptiens était un fait d'évidence dans l'Antiquité : HÉRODOTE (Livre II) (nous sommes pratiquement à 5500 ans du début de la Civilisation KMT, de l'Egypte ancienne), ARISTOTE (Physionomie. 6), LUCIEN (Navigation, § 2 et 3), APOLLODORE (Livre II, "La famille d'Inacus" (nous vous présenterons prochainement son arbre généalogiques.), § 3 et 4), ESCHYLE (Les Suppliantes, vers 719 à 720, vers 745), STRABON (Géographie, Livre I, chapitre 3, §10), DIODORE de SICILE (Histoire universelle, Livre III), DIOGENE LAËRCE (Livre VII, 1), AMMIEN MARCELLIN (XXII, §8, 24), THÉODECTE et ONESICRITE cités par STRABON (Livre XV, chapitres I et IX).
La Bible, des traditions juive et musulmane qui conservent la mémoire de la descendance du fameux "Cham", sur lequel certains africains de l'Est, principalement dans des petits pays, conseillés par des descendants d'abraham, Ibrahim, tentent de surfer, ancêtre biblique des Noirs : en particulier Kush (Kouch) et Misraïm (L'Egypte).
La civilisation occidentale, fournit aussi des témoignages iconographiques multiples :
- Hercule combattant Busiris et des prêtres égyptiens (Vase peint, Peintre de Pan, Athènes, cir. 460 av. Jésus-Christ)
- Culte d'Isis (Herculanum, peinture murale, 1er siècle après Jésus-Christ, Musée National de Naples, Italie)
- Céramique romaine représentant Pharaon
- Sarah est amenée à Pharaon et Pharaon rend Sarah à Abraham,Octateuque, XIème siècle :
L'anthropologie physique et la biologie moléculaire, avec l'étude des mensurations ostéologiques des squelettes, l'étude des groupes sanguins et de la pigmentation de la peau des momies (la mélanine, corps chimique responsable de la couleur de la peau, se conserve dans le temps et elle ne doit pas être confondue avec les produits de momification comme le bitume), etc., révèlent la parenté absolue des anciens Egyptiens avec les peuples négro-africains.
Mélanine : molécule responsable de la pigmentation de la peau Cf. Cheikh Anta DIOP, Pigmentation des anciens Égyptiens – Test par la mélanine, in Bulletin de l'IFAN, Tome XXXV, série B, n° 3, Dakar, 1973). Il y indique l'existence de plusieurs méthodes possibles de dosage de la mélanine. Il met en œuvre l'une d'entre elles (technique des coupes minces observées en lumière ultra-violette ou naturelle) pour étudier la pigmentation de la peau de quelques momies égyptiennes conservées au laboratoire d'anthropologie du Musée de l'Homme de Paris.
En février 1974, il présente les résultats de ses analyses au Colloque du Caire sur Le peuplement de l'Égypte ancienne et le déchiffrement de l'écriture méroïtique (cf. Histoire Générale de l'Afrique - Études et documents 1, UNESCO, Paris 1978, et Histoire Générale de l'Afrique, Tome II, Paris, Jeune Afrique/Stock/UNESCO, 1980).
L'ADN
Depuis une vingtaine d'années, des techniques de la biologie moléculaire (plus précisément celles mises en œuvre pour l'étude des gènes anciens ou archéogénétique) ont été développées et sont appliquées à l'étude des momies égyptiennes (travaux de Svante PÄÄBO, Munich). Le journal L'Express, dans un article de vulgarisation (Gilbert CHARLES, in L'Express, 5 décembre 1991, pp. 104-106), rend compte de ces recherches. On y lit : "D'autres recherches sont en cours, qui pourraient notamment confirmer l'hypothèse lancée il y a quelques mois par les biologistes américains : la civilisation des pharaons aurait été bâtie par des descendants de populations venues d'Afrique noire …"
C'est-à-dire que l’on continue à entretenir le doute de toutes les manières possibles. L’Afrique étant confrontée à des grave problèmes socio économique, n’ayant pas aujourd’hui les moyens publics de mettre en œuvre une recherche globale pour continuer le travail débuté par CAD, d’autres parlent à notre place avec toute la subjectivité nécessaire à leur thèse.
Le philosophe grec Xénophane, cité par Arnold Toynbee, notait :
"Les Ethiopiens disent que leurs dieux ont le nez camus et la peau noire, et les Thraces que les leurs ont les yeux bleus et les cheveux roux. A supposer que les boeufs et les chevaux aient des mains et veuillent dessiner de leurs mains et faire des oeuvres d'art comme les hommes, les chevaux représenteraient leurs dieux sous la forme de chevaux, les boeufs sous la forme de boeufs, et dessineraient leurs corps sur le modèle du leur."
Le phénotype nègre des anciens Egyptiens était un fait d'évidence dans l'Antiquité. Le témoignage unanime des "auteurs anciens" comme Hérodote, surnommé "le père de l'Histoire", Aristote, philosophe éminent de l'Antiquité, Lucien, Apollodore, Eschyle, Strabon, Diodore de Sicile, Diogène Laërce, Ammien Marcellin, etc. indiquent sans équivoque que les Egyptiens anciens sont des Noirs comme tous les naturels du continent africain.
N y a-t-il pas en Afrique, actuellement des mécènes africains millionnaires, capable de mettre en jeu 30 bourses d’études dans le domaine de l’égyptologie, pour au minimum 3 ans afin qu’il ait une ou des voix africaines d’autorités pour continuer à parler de nos ancêtres, de la civilisation que nous avons bâti dans la vallée du Nil, la plus grande qui soit sortie du cerveau humain, du néolithique à l’antiquité, soit durant 3000 ans au moins.
Ainsi, les arguments d'ordre historique qui fondent l'antériorité de la Haute Egypte par rapport à la Basse Egypte nous montre et démontre que l'origine de la civilisation égyptienne est à rechercher en Afrique, vers le Sud, et non vers le Nord dans les pays du Proche-Orient asiatique. Cette argumentation s'appuie sur :
· .l'étude des textes hiéroglyphiques égyptiens, qui montre par exemple que l'Egyptien s'orientait face au Sud, soit la direction de la terre d'origine de ses ancêtres qui avaient au fil du temps remonté le cours du Nil "divinisé". Et, en effet, pour l'Egyptien le soleil se levait sur sa gauche et se couchait sur sa droite.
· la tradition historique que rapporte par exemple Diodore de Sicile (vers 90-20 av. J.C.) :
"les Ethiopiens disent que les Egyptiens sont une de leurs colonies qui fut menée en Egypte par Osiris. Ils prétendent même que ce pays n'était au commencement du monde qu'une mer, mais que le Nil entrainant dans ses crues beaucoup de limon d'Ethiopie, l'avait enfin comblé et en avait fait une partie du continent"
· la géophysique et les datations d'échantillons géologiques à l'aide de méthodes physico-chimiques comme celle du Carbone 14, peuvent permettre d'établir à quelle époque l'émergence du Delta du Nil s'est produite et de confirmer ou d'infirmer les informations recueillies à ce sujet par Hérodote et Diodore de Sicile auprès des Egyptiens et des Ethiopiens.
HÉRODOTE critiquait déjà l'opinion des Ioniens qui réduisaient l'Égypte au Delta :
"Si nous adoptions cette terminologie nous pourrions faire voir qu'autrefois les Égyptiens n'avaient point de pays. On sait en effet que leur Delta, ils le disent eux-mêmes, et c'est mon sentiment, est une terre d'alluvion, une terre, peut-on dire, nouvellement apparue. Jadis d'ailleurs, on appelait Égypte la Thébaïde, dont le pourtour est de six mille cent vingt stades" (HÉRODOTE, Livre II, 15).
C’est pourquoi, Cheikh Anta DIOP, qui, sur la base des témoignages d'HOMÈRE, de SÉNÈQUE, d'AMMIEN MARCELLIN (XXII, 16) et d'HÉRODOTE, pense que la Haute-Égypte était antérieure au Delta, en appelle, en 1967, au verdict des sciences exactes en ces termes :
"Ajoutons seulement qu'aujourd'hui les méthodes physiques modernes de datation, appliquées à l'archéologie, permettraient de trancher la question. Des tests par le radiocarbone, pratiqués sur des carottes prélevées sur les emplacements respectifs de ces différentes villes permettraient de déterminer avec une certitude suffisante les dates d'émergence des terres qui supportent ces villes et d'une façon générale l'âge du Delta en tant que terre ferme habitable. Voilà un cas précis où la physique moderne aiderait l'archéologie à sortir du cercle vicieux de l'exégèse des textes" (Cheikh Anta DIOP, Antériorité des civilisations nègres - mythe ou vérité historique ?, op. cit., p. 12).
Où trouver un budget pour mener à bien cette affaire. Si nous africains noirs attendions que ce budget vienne de l’UNESCO, ou d’un autre organisme qui n’aura pas un intérêt fort a l’émergence totale de la vérité, nous attendrons longtemps. D’autant plus que les actuels habitants de l’Egypte tire un vrai prestige de cette histoire falsifiée qui leur permet d’être parti au festin des origines, alors même que les arabo-musulmans ne arrivé sur cette terre de Misraïm, KMT, plus de 100 ans après la fin de l’Egypte ancienne et son univers négro-africain.. Il ya du travail à faire pour que l’histoire se remette à l’endroit. Champollion à mis 15 ans à déchiffrer les hiéroglyphe, vu les moyens moderne d’aujourd’hui, financier, et intellectuelle, je ne comprend pas que
Ce vœu a été en quelque sorte exaucé avec l'étude des niveaux de la mer à partir de datations d'échantillons géologiques. Dans le chapitre 5, "Légendes, histoires, niveaux de la mer", du livre L'homme et le climat (Paris, Éditions Denoël, 1985) de Jacques LABEYRIE, ancien directeur du Centre des faibles radioactivités du CEA-CNRS, à Gif-sur-Yvette, indique que les résultats de ces datations établissent que le mouvement de la civilisation égyptienne du Sud vers le delta du Nil est corrélé à l'abaissement du niveau de la mer et recoupent parfaitement la tradition rapportée par les Anciens (la figure 1 est extraite de l'article de Jacques LABEYRIE : "Les méthodes de datation développées au CEA", in Revue Générale Nucléaire, RGN, n° 6, novembre-décembre 1989, p. 446).
· l'archéologie avec les fouilles menées en Haute Egypte et au Soudan qui mettent en évidence l'origine méridionale de la civilisation égyptienne.
L'archéologue américain Bruce WILLIAMS qui a étudié les objets provenant de ces fouilles écrit dans le Courrier de l'UNESCO (février-mars 1980, pp. 43-44)
"Grâce au témoignage fourni par le cimetière L, la période qui précède juste la première dynastie devient, pour la première fois, une époque historique. Un fait étonnant se dégage, absolument contraire à toutes les idées antérieures sur la question : pendant neuf générations au moins, de -3500-3400 à 3200-3100 avant J.C., la Nubie du groupe A fut un État unifié, possédant tous les attributs d'une civilisation – un gouvernement, un pharaon, des fonctionnaires, une religion officielle, une écriture et des monuments – un État assez fort pour unir des peuples qui n'étaient pas de même origine. C'est ainsi que les habitants du Ta-Seti, "Le Pays de l'Arc", nom par lequel les anciens Égyptiens désignaient la Nubie, participèrent pleinement et sur un plan d'égalité que personne n'avait jamais soupçonné, à l'irrésistible essor de la civilisation des rives du Nil".
Le rapport de Bruce WILLIAMS de ces fouilles effectuées dans les années soixante, a été publié en 1986 : "Excavations between Abu Simbel and the Sudan frontier, part I – The A-group royal cemetery at Qustul : Cemetery L", University of Chicago, Oriental Institute Nubian Expedition, Vol. III, Chicago, 1986. Voir aussi ANKH, n° 6/7, 1997-1998, pp. ).
Encensoir mis au jour dans le Cimetière de Qustul, témoignant de l'existence en Nubie, dès la fin du 4ème millénaire, d'un État unifié, possédant tout les attributs d'une civilisation – un gouvernement, un pharaon, des fonctionnaires, une religion officielle, une écriture et des monuments.
L'ouvrage érudit de Babacar SALL, Racines éthiopiennes de l'Egypte ancienne est une étude majeure consacrée à cet axe de recherche.
A l'issue du colloque d'égyptologie du Caire, Cheikh Anta Diop appelle de ses voeux une réorientation des études égyptologiques qui doit s'accompagner d'un dialogue avec les chercheurs africains :
"Ce colloque peut être considéré comme un tournant qui a permis à l'égyptologie de se réconcilier avec l'Afrique et de retrouver sa fécondité. Le dialogue scientifique sur le plan international est instauré et l'on peut espérer qu'il ne sera pas rompu. A la suite des débats, des participants n'ont pas manqué d'exprimer leur volonté de réorienter leurs travaux vers l'Afrique et d'intensifier leur collaboration avec les chercheurs Africains".
"Et les études africaines ne sortiront du cercle vicieux où elles se meuvent, pour retrouver tout leur sens et toute leur fécondité, qu'en s'orientant vers la vallée du Nil.
Réciproquement, l'égyptologie ne sortira de sa sclérose séculaire, de l'hermétisme des textes, que du jour où elle aura le courage de faire exploser la vanne qui l'isole, doctrinalement, de la source vivifiante que constitue, pour elle, le monde nègre" (Cheikh Anta DIOP, Antériorité des civilisations nègres – mythe ou vérité historique ?, op. cit., p. 12).
C’est pour que cette histoire ne soit pas oubliée, pour que nous sachions, que nous ayions les informations, pour que nous fassions la paix avec nous-mêmes et que, lorsque des gens disent des âneries sur les africains, sur les noirs, nous ayons la réponse forte, que vous soyez en mesure de répondre efficacement.
Je me rappelle toujours de la polémiques créée par le chanteur français, collaborateur nazi durant la 2é grande guerre, Charles Trenet, qui s’est permis de dire que je cite : " les noirs n’ont rien fait pour l’humanité … ". Il était poursuivit par Media tropical au début des années 90. C’est parce il a vécu dans la falsification et n’a jamais lu, ni réalisé une courte recherche afin de comprendre l’histoire véritable de l’Egypte ancienne, du monde qu'il s'est permis ces imbécilités. Il s’était arrêté au char de Ben hur.
Il fallait lui répondre que les noirs, les négro africains ont fondé la plus grande civilisation que l’humanité ait pu concevoir et ont tout créé il y a 7500 ans. Nous aurons pu à cette occasion lui payer un billet d’avion pour KMT au moins dans la vallée des Rois et des Reines.
Jim Shabaka DJUNGA PODIA MPOLO
La suite dans notre prochain Blog’ ET AUJOURD’HUI’ dont nous vous donnerons l’URL le 15 octobre 2008